Mâdemoiselle est en route...

Assise sur une banquette trop étroite à son gaût, le port altier, digne de la plus haute noblesse anglaise, et vêtue de vêtements de voyage dont le simple prix du chapeau devait ecxéder le prix du wagon qui la transportait, Marquise Lasnadoria se dirigeait, à vitesse constante, vers l'académie Ollerton.

Elle se trouvait dans un wagon bien trop étriqué à son goût, en compagnie d'un chat angora blanc, et d'un petit elfe de maison qui se tenait debout sur le pas de la porte. Indirectement, elle occupait également le compartiment voisin, qui contenait un amas de malles de transport, et un second elfe de maison, copie conforme du premier.

Pour occuper un temps qu'elle considérait comme d'ores et déjà perdu, la jeune fille feuilletait négligemment un traité qu'elle connaissait par coeur, sur l'art des bonnes manières, et que son oncle avait rédigé quelques années auparavant. Bien qu'elle fut affectée au plus au point par l'ennui qui la tiraillait, Marquise n'en laissait rien paraître, et feignait de s'intéresser au susnommé livre.

Deux ans auparavant, ses parents, qui avaient le plein pouvoir sur sa personne, et dont elle n'oserait jamais se plaindre, avaient jugé qu'elle avait encore besoin d'une éducation personnalisée avant d'apprendre la magie, dans un école si huppée soit-elle. A présent, ses parents l'estimaient prête, et la réception de la lettre envoyée par l'académie était une véritable aubaine, et sitôt la réception ce celle-ci effectuée, sa gouvernante avait rempli des malles de vêtements, pour l'expédier au château le plus vite possible : il ne fallait pas qu'elle manque la rentrée.

Elle était donc en route, mourrant d'ennui, en route vers l'établissement le plus côté du monde, lorsque soudain, les lumières du compartiment s'éteignir, et le train s'arrêta brusquement. Marquise sortit sa baguette -un magnifique exemplaire en bois d'hêtre sertit d'oret de platine, munie d'un crin de licorne- et prononça machinalement :

~~Lumos~~

A l'instant ou une vive lumière surgit de la baguette, une voix nasillarde sortit des hauts-parleurs :

"Chers passagers, nous vous prions de nous excuser cet incident technique indépendant de notre volonté. Nous ne savons pas d'où il provient, et risquons d'être immobilisés un certain moment. Nous allons vous apporter une collation pour patienter, et, en cas de prolongement de cet incident, nous transformerons vos sièges en couchettes. Veuillez nous excuser des désagréments causés..."

Marquise ne broncha pas, et seul un oeil extrêmement exercé aurait pu déceler ne serait-ce qu'un soupçon d'exaspération dans son oeil. Elle prit onc son mal en patience, et se cala plus confortablement dans son siège. En regardant par la fenêtre, elle vit de nombreuse lumières à quelques centaines de mètres, qu'elle supposa être celle du château. Quel dommage ! Tomber en panne si prêt du but... Elle se rappela d'un sort d'appel au secours, qu'elle décida d'utiliser, simplement au cas ou le train resterait immobilisé trop longtemps :

~~Situatio~~